Récit
Les ombres du palais par Lise Bonvent
Présentation par les éditions Larcier
L’auteure a recueilli le récit des ombres du palais de justice : la concierge, une des cuisinières, des magistrats, des avocats, un ancien détenu qui y a été condamné à mort, un amoureux qui s’y est égaré ou encore un journaliste en réflexion.
Lorsqu’elle était possible, sa première question a été : « Quand y êtes-vous entré pour la première fois ? Quel souvenir en gardez-vous ? ». Tous ont accepté de jouer le jeu de l’anonymat, certains ont commencé par rappeler la fonction qu’ils y exercent ou la nature du lien qui les avait unis. D’autres ont préféré se dissoudre dans un souvenir. Assidus ou réfractaires qui refusent de franchir ses portes, le lieu et ses proportions ne laissent pas indifférents. Une rencontre a eu lieu et une histoire s’est créé pour tous.
Les photographies de Marie-Françoise Plissart illustrent les textes, elles permettent au lecteur d’avoir la même intimité ou la même distance que les personnes qui se sont exprimées.
Compte-rendu de Michèle Lenoble-Pinson à l’attention de l’Union internationale de la presse francophone – section belge
Le palais de justice de Bruxelles ne laisse pas indifférent. Certains l’aiment, d’autres le détestent. « J’ai toujours pensé qu’il avait été conçu par un fou » (p. 109). « Un palais olympien empli de réminiscences grecques et romaines nous convoque tous à l’excellence » (p. 165).
Une magistrate écrivaine, Lise Bonvent, a interrogé la concierge, une cuisinière, un journaliste, des magistrats, des avocats, un ancien détenu, un amoureux égaré. « Quand y êtes-vous entré pour la première fois ? Quel souvenir en gardez-vous ? » Sous le couvert de l’anonymat, chacun confie son histoire, son regard ou son émotion. Un tel explicite ce qu’il n’a pas été en mesure d’exprimer devant un tribunal.
Les trente et un récits se présentent en correspondance avec trente et une photographies d’ombre ou de lumière, d’intimité ou de distance, dues à Marie-Françoise Plissart. Pourquoi trente et un ? Le temps – un mois – compte lorsque la justice est attendue. Ce palais, en effet, est un palais de justice. « Ces vieilles pierres ont toujours été habitées par la chose justice et elles incarnent une certaine tradition » (p. 79). « L’immensité permet de ne pas oublier la dimension sacrée. Son architecture permet de comprendre le système judiciaire.
Si vous rentrez dans la Cour d’assises, vous savez que c’est pour un crime grave. Comme il y a des degrés dans les crimes, il y a des étages en ce lieu. Ils se correspondent » (p. 108). « L’essentiel demeure pour moi le côté humain. Des rencontres et des liens se créent, parfois même avec des détenus » (p. 37).
L’ouvrage « Les ombres du palais » et ses photos artistiques rendent hommage au palais de justice de Bruxelles et aux vies qu’il abrite. « Quand je pense à tout ce que j’ai vécu dans ce palais, je considère que j’en suis un des piliers, à ma façon » (p. 51).
Éditions Larcier, Bruxelles, 2019, X-184 pages, 31 photos – 30 euros.